Police Nationale à Brest : immersion. (dimanche, 18 octobre 2020)

Ayant pris mes fonctions à l'issue des élections municipales du 28 juin 2020 j'ai souhaité, rapidement, mieux me rendre compte de la réalité d'une ou de plusieurs équipes sur le terrain avec la Police Nationale. L'été n'étant pas la meilleure des périodes et la rentrée de septembre étant chargée ; nous sommes tombés d'accord avec le Commissaire central pour que je puisse effectuer cette "immersion" avec les équipes courant octobre.

Fatalement ce moment ne peut être que limité et ne prétend certainement pas embrasser toutes les situations que peut rencontrer la Police sur Brest. Juste un moment pour "balayer" les différents services et notamment aller avec ceux qui sont sur le terrain, ceux que vous pouvez voir ici et là. Je ne suis pas le seul à agir de la sorte : Tristan Foveau a l'intention de faire une immersion avec les ripeurs de la métropole, Sandrine Perhirin et Fragan Valentin-Lemeni ont également été sur le terrain récemment.

Tout d'abord, puisque la question m'a été posée : il n'y a aucune obligation à agir de la sorte, ce n'est pas dans un guide ou dans un manuel. Chacun fait comme il l'entend et j'ai considéré que ce pouvait être une initiative utile pour parler d'un sujet qui n'est pas, de prime abord, le mien à l'origine. C'est avant tout une décision de Monsieur le Maire que de me confier cette délégation. De plus, plutôt que d'écrire sans savoir, autant aller sur place et écouter. Poser des questions aussi évidemment, mais écouter, observer. Depuis des mois voire des années les uns et les autres écrivent sur ce sujet mais ils/elles ont-ils été déjà 10h d'affilée avec celles et ceux qui sont, hélas, parfois, malmenés? Honnêtement je l'ignore mais en ce qui me concerne j'aurai déjà une opinion sur ce travail redoutable pour assurer l'ordre public et venir en aide à celles et ceux qui ont en besoin. On se rend compte par ailleurs que la Police agit également sur un terrain qui n'est pas spontanément le sien et doit assurer une sorte de médiation entre plusieurs membres de la famille parfois. Alors, certes, 10h qu'est ce que cela représente dans une vie professionnelle d'un policier? Rien bien entendu. Mais pour l'élu que je suis c'est une base qui demandera évidemment à être renouvelée dans un secteur puis sur un autre. C'est aussi une marque d'attention envers celles et ceux qui, pour le coup, ne reculent devant rien quand une alerte arrive.

Ce message sur mon blog ne vise en aucune manière à dévoiler quelconque secret que ce soit ou autre information confidentielle que j'aurais pu voir ou savoir. Vous pensez bien qu'il y a une base non négociable pour faire cette immersion, c'est la confiance et le silence sur les sujets vus ou entendus.

J'ai, il faut l'avouer, trouvé dommage les commentaires sur mon Facebook de certains brestois tournant à la dérision non pas forcément l'initiative mais le lieu où les photos ont été prises. Comme s'il fallait résumer cette immersion à deux photos prises bas de Siam. Rester 10h bas de Siam, oui, là il y aurait eu un immense souci. Ceci dit, ces remarques témoignent bien du fossé qui peut se créer entre la population et la Police Nationale. Et il est regrettable. J'ai souvenir de Renaud qui, en 2015, écrivait une chanson sur le thème "j'ai embrassé un flic" : où en sommes-nous à présent? Par analogie, où en sommes nous des applaudissements à 20h00 pendant le confinement pour les personnels de santé? Je n'ai pas la réponse immédiate juste que tout passe si vite...

Reste que pendant 10h, entre la brigade qui intervient en continu, le GSP (Groupe de Sécurité de Proximité) et la BAC (Brigade Anti Criminalité) je dois avouer qu'aucun n'est resté à se tourner les pouces. Avec l'impossibilité de pouvoir dîner lorsque le "car" comme ils le nomment (le véhicule) arrive enfin au commissariat mais que dans la seconde il faut repartir : un nouveau fait nécessite d'aller sur place.

Car à celles et ceux qui se sont "moqués" aimablement du fait d'être "bas de Siam", il s'agit juste d'expliquer que c'était, finalement, le seul moment où j'ai pris un instant volé de cette immersion car fondamentalement ça n'a pas arrêté de la soirée et du début de nuit. Je dois préciser que de Siam nous sommes allés à St Pierre, à Kergaradec, au Valy Hir, Haut-Jaurès, Kerbernard, Kerbernier... etc... Le tout sans manquer de me donner la nausée (la brigade rigolera si elle lit ce passage) tellement il faut aller vite, que l'on est secoué dans tous les sens le tout dans le sens contraire de la route. Le cumul de tout cela (plus l'adrénaline) donne un mal d'estomac que j'assume complètement.

Je n'ai en aucun cas fait mon "Benalla" dans cette immersion : j'avais un brassard qui indiquait "observateur" et un gilet pare-balle avec le badge "Police". D'ailleurs l'on m'a dit : "Dès lors que vous êtes avec nous vous êtes de la Police pour les autres". Je me suis tenu à l'écart des situations que j'ai pu vivre, j'ai observé. Et je n’y allais que si l'on m'y invitait. Que ce soit avec la brigade de journée ou avec le GSP le soir et la nuit.

Ce que j'ai vu et observé : des équipes soudées, des équipes solidaires qui aiment leur métier et qui ne réfléchissent pas une seconde sur le fait "d'y aller". Des équipes, qu'elles soient au commissariat ou sur le terrain, qui gèrent au mieux des situations compliquées. Je ne peux en dire plus. Le reste ce n'est certainement pas ici que je peux en parler...  Juste que ce que j'ai pu vivre c'est que nous avons des policières et policiers dévoué-e-s à la chose publique, qu’il ne faut pas confondre les effectifs globaux et les effectifs "sur le terrain" (on le verra ce n'est pas tout à fait la même chose). Que les brestoises et les brestois peuvent vraiment compter sur le professionnalisme de celles et ceux qui nous protègent. Que Monsieur Darmanin sache que, et ce n'est pas dans un esprit "politicien", Brest a besoin d'effectifs supplémentaires. Sans trahir des discussions, étayées par des exemples extrêmement précis, je ne peux que me rendre compte en terminant cette immersion que, oui, il y a un réel besoin. Pas pour la gloire, pour le terrain. Besoins humains mais bon sang... besoins financiers pour des locaux aussi.

Vers 01h15 je remonte tranquillement chez moi après avoir déposé brassard et gilet. C'est l'heure de quitter le GSP. Je remonte Place de la Liberté toute éclairée : il n'y a pas âme qui vive. Arrivé le long de Glasgow je croise ceux que je viens déjà de quitter. C'est reparti.

Et pour la plupart à Brest, vous dormiez déjà.

 

Merci à l'équipe qui se reconnaîtra. Votre accueil et votre bienveillance ont été exceptionnels.

Merci au groupe GSP,

Merci à la BAC, (pour vous et pour la ligne du dessus : c'est sportif! Connaissance terrain qui m'épate)

Merci à celles et ceux que je n'ai pas vu : vos collègues ont su être à la hauteur!

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