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lundi, 20 mai 2019

SDIS 29 : immersion totale à Brest

Il est 5h54, l'ambulance des pompiers arrive à Kerallan et le jour commence à pointer son nez, je distingue par les fenêtres mi-opaques un bleu particulier qui me fait dire que la nuit se termine. D'ailleurs depuis la Place Strasbourg, d'où nous revenons, en étant passés par le CHRU de La Cavale Blanche, des oiseaux commencent aussi à gazouiller : preuve s'il en fallait que la nuit est vraiment sur le point de se terminer.


J'arrive dans ma chambre, me dis que probablement c'était la dernière intervention de la nuit mais rien n'est moins sûr : la garde s'achève à 8h00. Je programme mon réveil pour 7H30 et m'effondre sur le lit de cette pièce impersonnelle au confort sommaire où, tout juste, est écrit sur la porte "passage" ; terme qui signifie que ce sont des pompiers volontaires ou des gens comme moi qui séjournent dans ce lieu.


Ainsi se termine une période de 24h qui restera gravée dans ma mémoire. Une expérience inoubliable avec des gens exceptionnels lesquels sont passionnés par leur métier et totalement dévoués à la cause : celle de venir en aide aux habitants. Arrivé samedi matin, l'uniforme enfilé, j'ai eu un débriefing avec le commandant de la caserne et son adjoint ainsi que le chef de groupe. 10h30 : passage en revue et présentation auprès de toute l'équipe avec qui je vais passer une journée et une nuit. Ensuite, tout s'accélère et une fois les exercices quotidiens terminés, le déjeuner avalé, les choses sérieuses commencent et, finalement, n'auront qu'une petite pause entre 19h00 et 23h00 : la nuit sera longue... Très longue... Mais tellement passionnante et riche d'enseignements.


Equipé d'un bip, comme pour tout le monde, je suis alerté par un signal aigü qu'une intervention se prépare : y est indiqué le motif et "mon" lieu d'embarquement de véhicule. Chacun s'affaire et saute dans ses rangers pour rejoindre au plus vite le camion qui va filer à vive allure soit à Bohars, à Plougastel, à Kerbonne, St Pierre ou encore Bellevue et ainsi de suite. Le hangar de Kerallan étant tellement immense et dans un souci d'être là à temps, des trottinettes sont positionnées de part et d'autre. Pourquoi cela? Pour aller plus vite! Et rejoindre une équipe déjà prête par exemple.


J'observe à ma place et je ne peux que saluer cette immense attention à l'autre, cette patience unique dans toutes les situations, l'expertise, l'empathie auprès de l'adolescent qui vient de se fracturer le poignet et qui quitte ses copains de foot sur le terrain durant un tournoi à Bohars : copains qui applaudiront l'ambulance lorsque celle-ci quittera les lieux. Empathie donc car se voulant être rassurant, apaisant pour celui ou celle qui a peur. Un Sapeur-Pompier doit faire preuve de pédagogie, de sang froid et d'humanité quelque part. Toujours surprenant et compliqué d'entendre des personnes, que l'on vient "sauver" rejeter celui qui est là pour l'aider. Comme souvent l'alcool n'excuse pas tout... et je m'en désole.


Fréquemment nos regards se croisent, sans rien dire, tout au long de la nuit. Souvent un sourire s'esquisse de part et d'autre car finalement, même si je ne suis pas là depuis longtemps, on se comprend dans telle ou telle situation. Il y a une gestion du stress, une fausse nonchalance lorsqu'ils arrivent sur site : et pour cause, il s'agit d'appréhender la situation, maîtriser les lieux le cas échéant et, surtout, aller à l'essentiel sans se faire parasiter par quoi que ce soit. Et puis il y a l'humour. Ils en sont dotés de manière assez puissante; probablement pour lâcher un peu prise quand la fatigue pointe et que les nerfs sont parfois à vifs.


Toutes mes questions ont une réponse. Jamais on ne me dit "non" pour découvrir ou voir. Ils m'intègrent "normalement" comme si je faisais partie de l'équipe depuis des années. Ils m'associent à tout car il se disent, et c'est bien normal, qu'un élu doit aussi voir la réalité du terrain.


C'est de la fierté et de l'humilité que je ressens après avoir été un observateur pendant 24h. Fierté d'avoir eu ce "privilège" et humilité car ces femmes et hommes sont exceptionnels à plus d'un titre. Lorsque des drames arrivent ils sont mis en avant comme des héros de la République, mais tout au long de l'année ils mènent aussi une autre mission, celle de venir en aide à ceux qui en ont besoin ; que ce soit, on l'a vu, pour une fracture ou pour bien pire.


Par ces quelques lignes je souhaite leur témoigner mon admiration et leur apporter tous mes remerciements. Merci de m'avoir accueilli et merci pour, finalement, avoir choisi cette voie qui n'est pas simple mais qui est essentielle au quotidien.

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11:21 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (5) | |  Imprimer |  Facebook | | | |