lundi, 02 janvier 2023
02 Janvier 1973 - 02 Janvier 2023
Brittany Ferries fête ses 50 ans cette année, aujourd'hui. 50 ans c'est peu et beaucoup pour une entreprise, surtout celle-là. 50 années de hauts et de bas qui ont façonné la compagnie et l'ont préparée à affronter les défis des années qui s'annonçaient compliquées... Chute de la livre Sterling en 1996, fin du duty free en 1999, crise économique de 2008, Brexit en 2016 et, comme pour tout le monde, la crise sanitaire qui a mis à l'arrêt l'économie mondiale.
Je me suis dit que ces 50 ans méritaient une petite note sur ce blog. Car sur les 50, il y en a presque 18 pendant lesquelles je figure parmi les quelques 2500 femmes et hommes qui constituent l'ensemble des salariés, navigants ou sédentaires, de la compagnie. 18 années à parcourir les ports entre Roscoff et Le Havre, à arriver de l'autre côté de la Manche de Plymouth à Portsmouth; de la mer d'Irlande avec Cork et Rosslare ou bien encore le grand sud avec Bilbao et Santander en Espagne. Tous les ports et, quasiment, tous les navires en flotte depuis 2005. Tous excepté le Cotentin sur lequel je n'ai (encore?) jamais navigué. Pour les autres ils m'ont tous vu passer... Armorique, Bretagne, Normandie, Barfleur, Pont Aven, Mont St Michel, Normandie Express, Etretat, Baie de Seine, Galicia, Cap Finistère (notre Goldorak à nous avec sa cheminée venue de Véga) et même le Pont l'Abbé que beaucoup ont déjà oublié.
Une note, donc, en guise de témoignage. Mais aussi l'obligation de retourner dans le passé, photos à l'appui, pour se remémorer de ce qu'est, aussi, Brittany Ferries, et d'y faire part de mon propre parcours aux détours des coursives nombreuses de nos ferries français. Comme tout un chacun, regarder dans le rétroviseur a quelque chose de nostalgique, cela nous ramène au temps qui passe.
Cependant, ces 18 années à bord sont passées très rapidement. Déjà parce qu'entre temps j'ai eu la chance et l'honneur de devenir élu de la République. Cela m'a conduit à demander un aménagement de mon temps de travail pour exercer mon mandat : je n'ai jamais imaginé faire autrement. En 2008, quelqu'un de très proche m'avait dit "dimanche tu seras heureux et tu seras triste à la fois" J'avais alors demandé pourquoi et sa réponse fut la suivante : "Si tu gagnes les élections tu seras heureux car tu auras gagné mais tu seras triste car tu devras arrêter ta passion pour ton métier. Et si tu perds les élections tu seras triste mais tu seras heureux de poursuivre ton métier". Résultat des courses : nous avions effectivement gagné les élections municipales mais j'avais également réussi à trouver un rythme pour conserver mon emploi, avoir cette soupape et, surtout, cette réalité de l'emploi salarié. C'était essentiel pour moi de vivre la même réalité que celles et ceux que j'étais censé représenter. La déconnexion est mortifère, je le mesure fréquemment... Elu à Brest désormais, je poursuis le même mode.
La compagnie est née dans les choux en 1972 de la volonté des paysans du nord Finistère d'exporter leurs productions outre Manche et du refus opposé par les spécialistes du transport par ferries du côté du nord de l'Europe. En effet, bien avant la création de la BAI; nos paysans, guidés par Alexis Gourvennec, sont allés chercher des professionnels pour leur dire "venez à Roscoff nous avons du transport de légumes à effectuer, nous sommes paysans, pas marins, chacun son métier". Refus poli de ceux qui diront "A Roscoff il y a de l'eau, il n'y aura jamais autre chose que de l'eau, il n'y a pas de marché". Qu'à cela ne tienne, plutôt que de faire faillite avant même d'avoir essayé, les paysans achetèrent un ferry, baptisé le Kerisnel et la première traversée a lieu le 2 Janvier 1973, il y a 50 ans aujourd'hui, sous le nom peu compréhensible de B.A.I (Bretagne Angleterre Irlande) pour nos voisins anglais (pas plus d'ailleurs du côté français). C'est l'année suivante quand les anglais demandèrent gentiment s'il n'était pas possible de voyager avec sa voiture entre Plymouth et Roscoff que le déclic eut lieu : il fallait aussi transporter des passagers. BAI S.A laissa place à un nom commercial beaucoup plus limpide : Brittany Ferries était née et bientôt la livrée de l'unique ferry allait le rappeler.
Puis il y eut 1976 et l'ouverture de St Malo-Portsmouth avec l'Armorique première génération. 1978 avec l'ouverture des lignes Roscoff-Cork avec l'Armorique puis le Quiberon (1982) ainsi que la ligne sur Santander. En 1985, le rachat de Truckline Ferries à Cherbourg, puis en 1986 l'ouverture de la ligne Ouistreham-Portsmouth; 1989 l'arrivée du premier ferry géant, français, construit à St Nazaire : le Bretagne - poursuivent le développement de la compagnie. Suivent en 1991 et 1992 les arrivées du Barfleur et du Normandie, en 2011 l'ouverture de Portsmouth-Bilbao avec le Cap Finistère, en 2013 les premières rotations du Normandie Express sur Le Havre et en 2022 l'arrivée de notre premier ferry GNL etc...
Moi je suis arrivé par la petite porte avec mon noeud papillon. Je pense que la BAI, de guerre lasse a fini par se dire : "on va l'embaucher car il nous harcèle tous les ans" En effet, pour re situer il faut remonter en 1992 lors d'un voyage scolaire de collège comme il y en avait (vous aurez noté le temps de conjugaison, merci le Brexit et l'obligation de passeport dorénavant) des dizaines par an. A l'occasion du voyage retour entre Plymouth et Roscoff je découvre, fasciné, la majestuosité du navire "Bretagne" : immense, quasi neuf, beau. Là je me suis dit "Un jour je bosserai ici!" : J'avais 14 ans et c'était le 12 Juin 1992... Chemin faisant j'ai réussi à intégrer la compagnie et à y faire mon petit trou. En démarrant comme garçon sur le Pont Aven, au self, puis Steward sur le Normandie Express (c'était plus de l'avion sur l'eau que du ferry!). J'ai passé le concours d'animateur des ventes en 2007, celui de Responsable des Ventes en 2011 et enfin celui d'Intendant en 2014; de belles opportunités.
Brittany Ferries est une compagnie atypique de par son modèle économique déjà. Mais également de par l'ambiance, les équipages, la promiscuité de ces derniers, une vie originale qui, pour les temps pleins, consiste à être en mer 1 semaine et 1 semaine à la maison à gérer tout ce qui n'a pas été fait pendant l'absence. Les temps changent bien entendu, les orages se sont accumulés, tout n'a pas été facile et certains de mes collègues ont décidé récemment de poser sac à terre pour vivre une nouvelle expérience professionnelle. Car si le temps passe vite, il est certain que de côtoyer au carré équipage de nouveaux embarqués dont nous pourrions êtres les parents, fatalement, ça fait quelque chose car, mais je pense que c'est identique pour chacun, on se dit que "c'était hier" sauf que non, ce n'était pas hier, c'était il y a 18 ans.
Et ainsi va la vie d'une entreprise, d'une association, d'une vie professionnelle et même... politique! Il faut du renouvellement, savoir évoluer avec le temps justement.
Vous verrez quelques photos ci-dessous. Ce sont des photos et vidéos pour la plupart personnelles. Ce que je fais peu d'ailleurs en 15 ans d'existence de ce Blog.
Demain si la politique s'arrête, de manière volontaire ou subie, moi j'ai une vie qui continue. Cela confère une liberté d'esprit, de ton et d'action; une sérénité aussi. Une liberté pleine et entière que personne ne pourra me retirer.
Il y a donc 31 ans, le 12 Juin 1992, un vendredi, je prenais le Bretagne entre Plymouth et Roscoff. "I fallen in Love" comme l'on dit. Aujourd'hui, nous sommes au début de l'année 2023 et jamais je n'aurais pu imaginer tout cela du haut de mes 14 ans de l'époque. Je suis loin d'être le seul à être "corporate" mais peut-être un des seuls à l'écrire même si tout n'est pas parfait, tout n'est pas facile (nous le mesurons actuellement sur les bords, les sujets sociaux sur le Détroit nous inquiètent) mais avec la ferme volonté de demeurer positif. 50 ans d'une part et 30 ans de l'autre, deux dates qui valaient bien un clin d'oeil pour, décidément, une compagnie pas comme les autres. Je lui souhaite encore 50 belles années avec le pavillon français chevillé à la carène!
J'espère que ces quelques lignes vous auront intéressés. Si ce n'est même qu'un peu, ce sera déjà beaucoup.
J'en tire, provisoirement, une morale à cette histoire somme toute assez banale : la vie réserve des surprises, parfois des chemins inattendus, des certitudes qui s'écroulent pour découvrir autre chose que l'on ne pensait pas possible. Mais qu'avec l'envie, la volonté; vraiment, on y arrive. Et que d'autres chemins, probablement, vont encore se dessiner et s'ouvrir. Ici ou ailleurs.
To be continued...
A bord du M/V Galicia, de retour d'Espagne (Santander-Portsmouth-Cherbourg).
2005/2006 : les débuts. A Cherbourg, sur le Normandie Express, notre "NX", un bolide des mers qui nous faisait traverser la Manche entre Cherbourg et Portsmouth en à peine 3h.
Avec JB, parti chez Air France et depuis qui est devenu pilote. Chaque soir, en arrivant à Portsmouth, l'équipage débarquait pour aller dormir à l'hôtel en centre-ville. Le NX étant un catamaran géant, aucune cabine à bord. Nous débarquions donc vers 22h30 au mieux. Nous étions de retour à bord le lendemain matin à 06h00 pour la mise en place. Une navette, cette photo, nous transférait du port de Portsmouth à l'Ibis du centre. Les nuits étaient courtes, très courtes. La fatigue immense quand, à la relève à Cherbourg à 19h00, il fallait rentrer à Brest vers minuit (415 Km).
Avec Caro!
Animateur des Ventes sur l'Armorique : pour celles et ceux qui ont navigué sur l'Irlande (Roscoff-Cork) vous vous en souviendrez, la table des dégustations!
Avec ma Cheffe, Claudie, sur le Cap Finistère à partir de 2010 jusqu'en 2012.
Sur le Pont Aven, concours de Responsable des Ventes en poche!
Une belle équipe, belle bordée, sur le Cap Finistère (qui a quitté la flotte début 2022) à l'occasion d'une animation Beefeater comme cela l'indique ;-)
Sur le Cap Finistère en 2012 : l'équipage faisait des défilés avec les vêtements que nous présentions et vendions à bord en Boutiques. Tout cela se déroulait au bar arrière et devant nos plus grands fans : les passagers. Machine/Extérieur/Hôtelier, tout le monde s'y collait avec plaisir!
2013 : de retour sur le NX avec des horaires originales : bordée du matin, ou bordée de l'après midi. Selon la bordée, avec l'équipe on se retrouvait dans un pub à proximité du FC Portsmouth pour déjeuner et/ou dîner. Le patron du pub nous connaissait très bien et nous laissait faire nos grillades dans la cour arrière (la photo).
Ci-dessus : nouvel an 2013/2014 à bord. Une particularité du métier également! C'est soit Noël soit Nouvel an à bord. Ici c'est avec Lydia, Isabelle, Christian et Marianne à bord du Pont-Aven, escale à Rouen. L'avantage : on fête deux fois le Nouvel An car heure bord britannique, mais en France donc pas le même fuseau horaire! Quant à remonter la Seine pour les mini-croisières en ferry : MA-GI-QUE, regardez ma vidéo ci-dessous. Chaud-Chaud-Chaud!
Comment se passe un Nouvel An à bord? Exemple concret ci-dessus. Compte à rebours; 3,2,1...
2017 : Noël en mer et escale longue à Cherbourg. Toujours l'occasion d'avoir sa tenue de sport pour aller courir. C'était le 24 décembre précisément et à bord du Barfleur sous son ancienne livrée.
Noël à bord again : on n'y échappe pas, au bonnet! Ici en 2018.
Eté 2019, escale du Baie de Seine à Portsmouth. Juste derrière, le Normandie avant son départ pour Ouistreham.
Eté 2022, après deux années extrêmement compliquées, nous avons fêté les 33 ans du navire Bretagne à St Malo. Vous avez le droit de jouer à "Où est Charlie"
Vidéo de fin de saison 2022 sur le M/V Galicia : merci Gaëtan Guyomard !
09:31 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | | Imprimer | Facebook | | |
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